De Sevilla à Granada
Bonjour. Après ces quelques jours trépidants dans la capitale andalouse, il me fallait retourner à la nature, et à des villages ou villes plus petits. Ma route m’a conduite à Antequera, entre Séville et Grenade, une très jolie petite ville :
La Peña de los Enamorados, c’est la montagne au fond, en forme de visage couché. Cette montagne est liée à une légende évoquant une femme maure amoureuse d’ un prisonnier chrétien, et rejetée par la famille de ce dernier. Les amants se rendirent au sommet de cette montagne et se jetèrent du haut du rocher.
Antequera a aussi une longue histoire romaine et musulmane :
Au musée, j’ai trouvé les armes de la ville :
Armes d’Antequera où sont représentés le château et le lion, symboles de la Castille et du León (évoquant toujours la Reconquista) accompagnés d’un vase de lys.
Il y avait aussi une salle entière consacrée à Cristóbal TORAL, peintre originaire d’Antequera, né en 1940. Je m’y suis arrêtée parce qu’il représente dans presque tous ses tableaux des valises ; l’idée que la vie est un transit permanent, qu’on y est toujours en partance pour quelque part :
L’environnement d’Antequera est constitué de nombreuses oliveraies, rien d’original en Andalousie :
Le beau temps de Séville n’avait guère duré qu’une semaine. Brouillard, pluie et vent à nouveau au rendez-vous :
A tel point que j’ai dû renoncer à marcher dans un espace assez particulier, le Torcal d’Antequera, fait de concrétions faisant penser aux « Demoiselles coiffées » dans les Hautes-Alpes ou le Queyras. Non seulement il était impossible de goûter le paysage, mais il y avait un grand risque de se perdre.
Je suis donc partie à la rencontre des embalses. Ils sont très nombreux en Espagne, ce sont des retenues d’eau, provenant quelquefois du détournement d’une partie de certains fleuves, dans le but d’approvisionner la partie plus sèche du pays. Cela crée des paysages qui peuvent être superbes :
Le tour de cet embalse faisait 25 km, et livrait de splendides images. Un petit coucou à Clément, José et Pierre, joyeux lurons de Perpignan et pleins de super projets. Merci encore pour la bière et le bout de soirée partagé.
De là, avant d’arriver à Grenade, je voulais parcourir un espace exceptionnel, la région du Cabo de Gata. C’est un parc naturel, tout près d’Almería, quasiment le seul espace encore vierge (parce que protégé) de la côte méditerranéenne espagnole. Toute cette zone subit un curieux phénomène climatique : les vents, arrêtés par les montagnes, redescendent sur le versant sud en ayant perdu une grande partie de leur humidité. La végétation apparaît pratiquement subdésertique, on se croirait dans les Hauts Plateaux steppiques d’Afrique du Nord. C’est le desierto de Tabernas, dans lequel ont été tournés pas mal de films connus, tant les paysages ressemblent au sud-ouest des États-Unis et au nord du Mexique (Lawrence d’Arabie, des films de Sergio Leone, les Dalton …). Au Cabo de Gata, un peu plus au sud, le seul élément qui vient atténuer ce phénomène est la présence de la mer. Mais l’on se trouve quand même dans un environnement très très sec. Ce qui n’empêche pas une grande variété de fleurs, plantes diverses, buissons, arbustes, vivaces, à feuilles persistantes, donnant une image saisissante et contrastant avec d’autres endroits de l’Andalousie :
La zone du Cabo (cap) de Gata est une merveille :
Impossible encore, de vous faire sentir, de vous faire entendre, le vent de Cabo de Gata. A chaque instant sur le sentier, comme il venait de l'intérieur, il me poussait vers le bord du chemin et là, la falaise abrupte et en bas la mer. Très impressionnant. La nuit dans la furgoneta, j'avais l'impression d'être dans un bâteau. Le vent s'est apaisé le jour où je suis partie, remplacé par la pluie.
J’ai pu parcourir quelques sentiers, découvrir d’anciens villages de pécheurs ou d’agriculteurs reconvertis dans le tourisme, ici très contrôlé :
Au loin, des cortijos. Le cortijo, c'est un peu l'équivalent du mas traditionnel dans le sud de la France.
Hélas, ce décor est de plus en plus grignoté par les invernaderos, ces immenses zones de serres sous plastique qui fournissent fruits et légumes à une bonne partie de l’Europe :
À la limite-même du parc naturel commence cette agriculture intensive, dont les acteurs luttent farouchement pour gagner le plus d’espace possible sur la zone protégée. Les associations défendant l’environnement se battent, elles aussi avec beaucoup de motivation, et n’hésitent pas à traduire en justice entreprises agricoles ou promoteurs immobiliers.
J’ai profité d’un jour de mauvais temps pour parcourir Almería toute proche. D’abord, un lieu impressionnant, un refuge de la Guerre civile espagnole. Almería est la dernière ville, avec Carthagène, à s’être rendue aux troupes franquistes, le 30 mars 1939, après même Barcelone. Entre 1937 et 1938 ont été creusés 4,5 km de galeries souterraines, à main d’homme, pour servir à protéger la population lors des bombardements :
Les galeries étaient étroites pour canaliser les flux de personnes accourant dans la peur. Seul le sol a été refait pour permettre les visites.
Et puis, l’inévitable Alcazaba, la forteresse arabe. Almería se trouvant dans le royaume nazarí de Grenade, c’est l’une des dernières villes à avoir été reconquise par les Rois Catholiques. Sa forteresse, quoique dans des dimensions beaucoup plus modestes, évoque la Alhambra de Grenade, montrant une fonctionnalité propre à la civilisation musulmane de l’époque :
L'arrivée de l'eau et la citerne (aljibe). Celle-ci était reliée à un puits d'où on tirait l'eau au moyen d'une noria.
Un bonsoir de ce visiteur du camping de Cabo de Gata, venu après la pluie. À bientôt.