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Suivez-moi dans les péripéties de mon aventure andalouse, sur les sentiers des sierras et à la rencontre d'Al Andalús.

30 Mar

De Tarifa à Sevilla

Publié par Fab

Vejer de la Frontera

Vejer de la Frontera

Bonjour à tous. Je ne me suis pas adressée à vous depuis une semaine, c’est que les connections sont assez souvent capricieuses. Quittant Tarifa, ma bonne étoile m’a menée vers les fameux villages blancs, los pueblos blancos. En fait, il y en a beaucoup des pueblos blancos, mais surtout un ensemble à l’est et au nord-est de Cádiz, et un autre ensemble dans la Sierra Nevada, précisément dans la région des Alpujarras. Entre Tarifa et Cádiz, le premier que j’ai croisé était Vejer de la Frontera. Quand on dit blanc, c’est vraiment blanc :

Une rue de Vejer de la Frontera

Une rue de Vejer de la Frontera

mais pas que blanc :

La fontaine aux grenouilles de Vejer de la Frontera

La fontaine aux grenouilles de Vejer de la Frontera

Ce qui m’a frappée, c’est d’abord le nom d’un certain nombre d’entre eux qui se termine par « de la Frontera ». Il s’agit de la frontière, oh combien mouvante, définie par la limite entre les terres reconquises par les rois chrétiens du nord de l’Espagne et celles encore aux mains des musulmans, à l’époque de la Reconquista. Cela se situe entre le XIIème et le XIVème siècles. Après le XIVème siècle, il ne reste plus aux musulmans que le royaume nazarí de Grenade d’où ils seront chassés en janvier 1492.

Ces villages sont donc magnifiques, parce que le blanc ressort sur le paysage alentour, tant par beau temps que sous l’orage :

Le village de Grazalema par mauvais temps

Le village de Grazalema par mauvais temps

 

Et puis on se croirait en Afrique du Nord, par les noms des villages (Benamahoma, Benoacaz, Zahara de la Sierra, etc …), par la façon dont ils sont construits, avec des ruelles étroites :

Arcos de la Frontera

Arcos de la Frontera

des maisons bâties autour du patio :

Un patio au centre de la maison, à Vejer de la Frontera

Un patio au centre de la maison, à Vejer de la Frontera

les terrasses, où l’on passe les soirées d’été :

Une terrasse à Vejer de la Frontera

Une terrasse à Vejer de la Frontera

J’y ai même retrouvé la façon d’accrocher le linge que nous avions en Algérie, parce qu’en moins d'une heure, tout est sec !

Zahara de la Sierra

Zahara de la Sierra

Là il m’a semblé rencontrer Al Ándalus, l’âme berbéro-arabo-musulmane, dans ces pueblos blancos, un peu ce que j’étais venue chercher, ce qui me fascine profondément dans l’Histoire, c’est-à-dire, au-delà de l’affrontement, la Rencontre, les ponts entre les civilisations. Cela ne signifie pas que les hommes de ces temps lointains étaient toujours respectueux les uns des autres ni cohabitaient forcément en bonne entente, mais ils ont su malgré tout, à travers les siècles, opérer une synthèse du meilleur d’eux-mêmes, reconnaissant à sa juste valeur ce que l’Autre, l’ennemi parfois, pouvait apporter. Quand je regarde notre monde contemporain, souvent je pense, non sans une certaine nostalgie parfois, à l'esprit d' Al Ándalus.

Ce qui marque encore les pueblos blancos, c’est fréquemment, la présence face à face du château et de l’église. Paysage, somme toute pas très original de ces temps médiévaux, le trône et l’autel. Sauf qu’ici, le château a une architecture arabe caractéristique. Devant les armées chrétiennes menaçantes aux XIIIème et XIVème siècles, de nombreux rois musulmans (l’Espagne d’Al Ándalus était très divisée à l’époque) ont fait construire de telles forteresses pour défendre leurs terres. Alors, dans le paysage cela fait un peu l’effet de deux pouvoirs qui se sont affrontés, celui du vaincu représenté par le château, et celui du vainqueur qui s’est empressé de marquer son territoire par un clocher rivalisant de hauteur avec le donjon (la torre del homenaje, la tour de l'hommage) de l’ennemi terrassé :

Arcos de la Frontera

Arcos de la Frontera

Olvera

Olvera

Le clou des pueblos blancos a peut-être été Ronda, qui est bien plus qu’un village avec ses 36.000 habitants. Un site vertigineux :

Ronda

Ronda

Ronda, sur le río Guadalevín

Ronda, sur le río Guadalevín

Là encore, une présence maghrébine très marquée. Voici ce qu’il reste des bains arabes (hammam) les mieux conservés de toute l’Espagne :

Baños árabes de Ronda

Baños árabes de Ronda

Les moutons y transcendent les époques et les différents maîtres des lieux :

Les moutons au pied de la muraille de Ronda

Les moutons au pied de la muraille de Ronda

Une rencontre s’intégrant avec beaucoup de bonheur au charme sous lequel j’étais tombée :

Dans un jardin de la Casa del Moro, à Ronda. Je n'étais pas l'élue (!), mais elle était derrière.

Dans un jardin de la Casa del Moro, à Ronda. Je n'étais pas l'élue (!), mais elle était derrière.

Autre super rencontre, avec Duchan. Duchan est Slovaque, il voyage ainsi depuis dix mois, avec sa bicyclette électrique, promouvant l'utilisation de l’énergie solaire récupérée par le panneau qui est au-dessus de ses bagages. Nous avons sympathisé :

Rencontre quelque part dans la sierra

Rencontre quelque part dans la sierra

Avant d’arriver à Séville et de plonger dans la grande ville, je devais repartir en pleine nature, en suivant le sentier du Torreón dans la Sierra de Grazalema, au nord-ouest de Ronda. Pour la 1ère fois de ma vie, j’ai obtenu un permis de randonner :

Une capacité de plus, pour une journée certes, mais j'en étais très fière.

Une capacité de plus, pour une journée certes, mais j'en étais très fière.

Etrange, n’est-ce pas ? C’est que la Sierra de Grazalema est un parc naturel hyper protégé car elle possède une variété très ancienne mais rarissime maintenant, de pin, le pinsapo, que l’on ne trouve plus que dans la région ainsi qu’au nord du Maroc.

Le pinsapo, d'un vert-bleu assez foncé

Le pinsapo, d'un vert-bleu assez foncé

Aiguilles de pinsapo

Aiguilles de pinsapo

Des incendies s’étant produits dans le passé, les randos sont interdites dans le périmètre du parc pendant l’été, et le reste de l’année il faut être autorisé. Le Torreón est le point culminant de cette partie de l’Andalousie. 790 mètres de dénivelé en montée. De là, on peut voir un paysage immense, de la Sierra Nevada à Gibraltar :

Sur le chemin, quelques compagnes affamées.

Sur le chemin, quelques compagnes affamées.

Sommet du Torreón

Sommet du Torreón

Du sommet du Torreón, au loin la Sierra Nevada

Du sommet du Torreón, au loin la Sierra Nevada

Du sommet du Torreón, au loin, regardez bien, le rocher de Gibraltar

Du sommet du Torreón, au loin, regardez bien, le rocher de Gibraltar

Après ce bain de bosquet méditerranéen, de paysages magnifiques à perte de vue, ma voici pour dix jours dans la capitale andalouse, Séville. Suite donc, au prochain numéro. Je vous fais à tous d’affectueuses bises et pense très fort à vous.

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N
Merci , aller sur ton site c'est déjà voyager ... les photos sont magnifiques et dans les textes tu partage avec nous ta passion pour l'Espagne , à bientôt , prends soin de toi <br /> bises Nadine
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C
Coucou Fabienne, <br /> Merci pour ces petits récits que tu nous fais partager. Profite bien de ces moments magique même s il doit y en avoir de moins bien!!!<br /> Bises <br /> Le coach
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F
Merci Christophe. Je pense bien à vous tous. Ici, c'est la douche écossaise. Après 32° pendant une semaine à Séville, à peine 10 ce soir dans un site montagneux assez vertigineux. Il y a tellement de vent que dans la furgoneta j'ai l'impression d'être dans un bateau. Mille gros bisous. Fabienne
M
Toujours aussi envoûtant et magique. Prends bien soin de toi Fab. Bises. Monique
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C
Extraordinaire... Merci de partager ainsi ton regard, sur le monde, à travers tes photos !
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J
Je commence à comprendre j'apprends et j'apprécie<br /> bon vent pour tes prochaines découvertes <br /> Grosses bises josette
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