De Fuenteheridos à Tarifa
Bonsoir. Me voici donc en Andalousie. Par contre, j'ai quitté le froid des régions centrales de l'Espagne pour la pluie. Depuis bientôt une semaine que je suis ici, il a plu tous les jours, quelquefois même des trombes caractéristiques des pluies méditerranéennes. J'ai donc renoncé à la rando dans la Sierra Morena qui me semblait d'ailleurs une région assez sévère. Passant par Jérez de la Frontera, j'y ai assisté à un spectacle de chevaux magnifique, appelé "Comment dansent les chevaux andalous". C'était une série d'exercices, les chevaux dansaient littéralement au son de la musique classique. Photos interdites, je ne peux donc que vous mettre l'eau à la bouche.
Puis je suis arrivée à Tarifa. Que vous dire ? Je suis hyper impressionnée, fascinée par le détroit de Gibraltar, malgré la pluie parfois obsédante, je découvre là un monde fait d'entre-deux, entre-deux continents, entre-deux mers, avec en même temps tant de liens qui se sont tissés au cours de l'Histoire entre les deux rives. Je ressens là l'une de mes émotions les plus profondes depuis le début de mon aventure. Un camping avec un propriétaire charmant qui me conseille fort utilement sur les choses à ne pas rater, un environnement extraordinaire dans un espace couvert par deux parcs naturels superbes, des soirées au coin du feu à discuter passionnément à trois. Bref, je pars demain, motivée par la suite de mon périple, mais j'avoue que je serais bien restée un peu plus. En tout cas, j'ai recueilli une foule d'infos pour revenir faire des kilomètres de randos. Quelques photos :
Une rue de Tarifa. On a l'impression que d'un balcon on pourrait atteindre celui d'en face, mais ils sont disposés en quinconce.
Le détroit de Gibraltar. Le mauvais temps gâche un peu le paysage, mais au fond l'Afrique, le Maroc. Des centaines de bateaux se croisent ici tous les jours.
Déjà que l'on voit du Cap Gris-Nez les voitures circuler à Douvres, mais vous imaginez ici ! 12 km dans la plus petite largeur, Quasiment le tiers du détroit du Pas-de-Calais. J'ai l'impression d'être à un bout du monde sans y être tout-à-fait puisqu' il y a toujours "l'autre côté". L'autre côté, eh bien, c'était trop tentant, Les nuages ayant provisoirement cessé de déverser leurs larmes de crocodiles, j'ai pris le ferry pour aller passer une journée à Tanger. Trop court, bien entendu, pour ressentir vraiment les émotions de Matisse ou de William Burroughs. Mais pour plus longtemps, il fallait un passeport que je n'avais pas. Alors, quelques bribes d'Afrique du Nord, dont l'ambiance m'était familière :
J'ai pu parcourir la Kasbah un peu à pied :
Mais le quartier historique est maintenant complètement débordé par la ville moderne. Tanger garde cependant des aspects de la ville internationale qu'elle a été sous l'administration française.
Aujourd'hui, le temps s'est en partie levé. Rando dans le parc naturel du Détroit, sur le sentier du Cerro del Tambor.
Le détroit vu du sentier. Au fond en face, le djebel Musa, la seconde colonne d'Hercule (la 1ère, c'est Gibraltar), et un peu plus à gauche, l'enclave espagnole de Ceuta.
Gibraltar, je n'irai pas car, pour quelques heures passées, il faut faire presqu'autant de queue à la frontière.
J'ai terminé la journée par la visite d'un petit village, Castellar de la Frontera, dans le parc naturel des Alcornocales (= chênes-lièges, toute la région en est couverte), dont le château, survivance de l'époque musulmane, est perché dans la montagne et abrite encore un vrai village avec des résidents.
La vue est impressionnante depuis ce château, d'un côté la retenue et de l'autre le détroit et le rocher de Gibraltar.
C'est sur cette image que je vous laisse ce soir. Beauté et fascination du détroit, et de l'espace naturel qui le borde, qui est protégé et vraiment magnifique. A bientôt. Bisous à tous.